Sur la plage... des dinosaures

Du cirque d’Emosson à la pointe de la Terrasse


Sommet : 2734 m ; traces de dinosaures à 2400 m – Versant valaisan du massif des Aiguilles Rouges

Départ : parking de la Gueulaz (1940 m) ou du barrage d’Emosson, commune de Finhaut (Valais, Suisse)

Rando effectuée le 20 septembre 2003 – 6 heures – 800 mètres de dénivelé

Le lac du Vieux Emosson depuis le secteur des dinosaures.


Attention : rando d’exception ! De part la féerie minérale du cirque d’Emosson, le grandiose panorama sur le Massif du Mont-Blanc et en particulier sa partie septentrionale (Tour, Trient, Chardonnet, Argentière) et la curiosité paléontologique que constitue la présence de traces de dinosaures en un endroit si inattendu. Les amateurs d’ouvrages hydroélectriques s’y retrouveront aussi avec deux barrages dont la deuxième plus grande retenue de Suisse.

Il y a environ 200 millions d’années, au début de l’ère secondaire (Trias), la zone du Mont-Blanc était constituée de marécages sur sols argileux ou sableux, sous un climat tropical où vivaient des dinosaures. Leurs empreintes laissées dans le sable de la plage ont été fossilisées, puis recouvertes par des sédiments calcaires qui indiquent que la mer recouvrit un temps la région. A l’ère tertiaire, la poussée des Alpes combinée à l’action de l’érosion élevèrent le secteur et décapèrent les couches de calcaire protecteur, laissant apparaître les dalles gardiennes des empreintes. La découverte de ce site fossile, le plus élevé d’Europe, doit au hasard et à la sécheresse de 1976 : la fonte des neiges accentuée permit au géologue Georges Bronner de découvrir le site fin août. Les dalles inclinées comptent plusieurs centaines d’empreintes, dont certaines font jusqu’à 20 centimètres de long, ainsi que d’étonnantes rides laissées par les vagues sur la plage. Evidemment le site est protégé, par quelques menues barrières déjà, mais surtout par la neige qui le recouvre presque en permanence. La canicule de l’été 2003 l’a entièrement découvert, et a également fait fondre les névés qui habituellement encombrent les petits lacs du col de la Terrasse situé en amont.

Les eaux calmes du lac d'Emosson ; et au loin le Pic de Tenneverge et le Grand Mont Ruan.

Accès : le barrage d’Emosson s’atteint par la route depuis le village de Finhaut, situé entre Chamonix et Martigny. Pour les piétons (fortunés), il est possible de monter par un surprenant périple mécanique : de l’arrêt du Mont-Blanc-Express du Châtelard, prendre le funiculaire de Barberine jusqu’au Château d’Eau (1822 m), puis le chemin de fer panoramique jusqu’au pied du barrage, en enfin le MiniFunic pour se hisser sur le barrage.

Itinéraire : du parking on atteint rapidement le barrage, où l’on jouit d’un magnifique panorama sur le massif du Mont-Blanc (table d’orientation). Le barrage offre aux grimpeurs une belle paroi voûtée pour 180 mètres d’escalade. Traverser le barrage et suivre la piste en direction du Vieux Emosson, sous les imposantes parois de l’aiguille du Van. Après avoir passé un « bras de lac », il est possible de couper un grand lacet par un raccourci un peu raide. La piste bitumée passe quelques petits tunnels et s’élève lentement jusqu’au barrage du Vieux Emosson (2205 m), à l’ombre duquel se love un petit refuge du CAS. Un sentier prend la suite, qui longe la rive gauche (nord) de ce petit lac en forme de croissant de lune. Ses abords, entre Finive et Cheval Blanc, sont constitués d’austères parois schisteuses qui donnent un aspect désolé au site. Il paraît pourtant que l’explosion florale de juin-juillet le transforme en paradis temporaire.

D'aspect plus désolé, le lac du Vieux Emosson n'est pas mal non plus.

A l’extrémité du lac, la sente s’élève brusquement au sud, sous les cols du Vieux et des Corbeaux. On atteint un replat où l’on s’oriente à gauche (est ou nord-est) pour trouver le site des traces de dinosaures (2400 m environ, plaque vissée dans le rocher). Après la découverte des empreintes, continuer à remonter le petit talweg au nord-est. De là, pour rejoindre la pointe de la Terrasse, quitter la sente pour monter au sud sur les dalles jusqu’au col de la Terrasse (2648 m) en suivant quelques rares cairns. Du col, traverser en amont du lac Vert en direction d’un grand pylône de ligne à haute tension planté au col du Sassey. De là, suivre une courte crête légèrement aérienne (sud-est) pour atteindre facilement la pointe de la Terrasse (2734 m). Ce petit sommet situé en France à l’aplomb du hameau de Vallorcine, permet de faire face à un époustouflant panorama sur le massif du Mont-Blanc. Le regard s’arrête également sur les Aiguilles Rouges, et sur l’abrupte face nord-est du Buet où se cache le menaçant cône torturé du glacier de Tré les Eaux.

Depuis le col de la Terrasse, de gauche à droite : Aiguille du Tour, Aiguille du Chardonnet, Aiguille Verte.

Le lac Vert, à proximité du col de la Terrasse, avec au fond le Mont Buet.

Rejoindre le haut du talweg des dinosaures par l’itinéraire de montée. Continuer alors au nord-est sur la large arête de la Veudale jusqu’à un grand cairn coté 2452 m. Descendre alors dans les gorges de la Veudale, où la sente est d’abord un peu raide puis serpente dans une végétation de plus en plus riche. Cet itinéraire parfois peu évident constitue une alternative sauvage et plus directe au chemin de montée. Il descend par quelques à-coups dans un petit vallon encaissé, qu’il quitte au niveau d’une cascade cotée 2059 m pour rejoindre en balcon la route sur les bords du lac d’Emosson, non loin du barrage.

Se désaltérer au restaurant du barrage permet de découvrir quelques photos de l’avant barrage (inauguré en 1975) : l’aspect de l’alpage d’Emosson, étonnamment plan, permet de penser que ce n’est pas la première fois dans l’histoire géologique que cette zone est inondée.

Descente par les gorges de la Veudale.


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